Pourquoi je peins des fleurs ?
Je pourrais dire que j’aime les fleurs, que leur beauté m’inspire.
Mais ce serait trop simple.
La vérité se trouve ailleurs, dans un endroit plus profond.
La nature a toujours été ma matrice.
Un lieu intérieur avant d’être un paysage extérieur.
Elle m’a appris le mouvement, la transformation, l’instinct.
C’est là que je me ressource, que je respire, que je comprends mieux ce qui m’habite.
Depuis l’enfance, je me sens profondément reliée à elle, c’est ma “safe zone”.
La nature m’appelle, me rassure, me répare, me surprend.
C’est là qu’opère ce que j’appelle mon « mouvement intérieur ».
Et au cœur de ce mouvement, il y a les fleurs.
Les fleurs sont devenues ma façon de parler.
Je ne les peins pas pour représenter la réalité : je les peins pour traduire ce qui se passe en moi.
Un miroir de ce que je traverse, même quand je ne sais pas encore le dire.
Je crée des fleurs qui prennent de la place, qui poussent où elles veulent, qui sortent du cadre comme si elles savaient mieux que moi où aller.
C’est cette liberté-là que je poursuis en peignant.
Un vivant qui respire, qui vibre, qui déborde.
Dans mon téléphone, des milliers de photos de fleurs et de feuillages, croisés au grès de mes randonnées, voyages et trajets divers.
J’assume le fantasmagorique, les couleurs irréelles, les formes impossibles.
Non pour m’échapper du réel, mais pour montrer ce que le réel ne donne pas toujours à voir : les intensités, les intuitions, les mouvements invisibles.
On m’a longtemps dit de dessiner autre chose que des fleurs.
Mais les fleurs sont mon alphabet. Mon système nerveux graphique.
Chaque fleur est une question que je me pose.
Une manière de comprendre ce qui me traverse.
Une manière de me raconter.
Les fleurs sont mon alphabet.
Et vous, quel est le vôtre ?
